- encombrer
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• fin XIe; de en- et a. fr. et dial. combre « barrage de rivière », bas lat. d'o. gaul. combrus « abattis d'arbres »I ♦1 ♦ Remplir (qqch.) en s'entassant, en constituant un obstacle à la circulation, au libre usage des choses. ⇒ gêner, obstruer. Des camions encombrent la rue. ⇒ embouteiller. Table encombrée de livres. N'encombrez pas le passage, circulez !♢ Fig. Surcharger. Les souvenirs qui encombrent sa mémoire. Produits qui encombrent le marché.2 ♦ Gêner (qqn) en occupant trop de place, en le privant de la liberté de ses mouvements. Les paquets, les valises qui l'encombrent. Il m'encombre plus qu'il ne m'aide.II ♦ ENCOMBRER QQCH., QQN DE..., AVEC...1 ♦ Remplir (qqch.) d'objets qui encombrent (I). Encombrer un couloir de meubles, avec des meubles.2 ♦ Gêner (qqn) avec des objets qui encombrent. Je ne veux pas vous encombrer de ce colis, avec ce colis.3 ♦ Fig. Gêner (par qqch. qui prend trop de place). N'encombrez pas la mémoire des jeunes enfants. ⇒ charger. « Cela a encombré ma vie de pseudo-amitiés » (A. Gide).♢ V. pron. réfl. S'ENCOMBRER DE : s'embarrasser de. S'encombrer de bagages inutiles. Elle ne veut pas s'encombrer des enfants pendant ce voyage. — Fig. Il ne s'encombre pas de scrupules ! « À quoi bon s'encombrer de tant de souvenirs » (Flaubert).⊗ CONTR. Désencombrer; débarrasser, dégager.Synonymes :- engorger- obstruerContraires :- débarrasser- dégager- désencombrer- libérerSaturer une ligne téléphonique, un standard en étant trop nombreux...Synonymes :Prendre inutilement de l'espace ; embarrasserSynonymes :encombrerv.rI./r v. tr.d1./d Embarrasser, obstruer. Voitures en stationnement qui encombrent les trottoirs.d2./d Fig. Gêner, embarrasser en occupant de manière excessive. Les multiples obligations qui encombrent l'existence.rII./r v. Pron. S'embarrasser. S'encombrer de bagages.|| Fig. Ne pas s'encombrer de scrupules.⇒ENCOMBRER, verbe trans.A.— [Le suj. désigne un obj. concr., parfois un être animé, une collectivité; le compl. d'obj. dir. désigne parfois une pers., une partie du corps, une collectivité, le plus souvent un obj. concr., en partic. un lieu, un espace]1. Encombrer qqc. ou qqn. Occuper à l'excès au point d'embarrasser, d'obstruer; être source de gêne par le volume, le nombre. Encombrer un trottoir; la foule encombre un lieu; (être) encombré de ballots, de débris, de meubles; chambre encombrée de qqc. Après avoir débarrassé cette table des livres et des papiers qui l'encombraient (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 451). De simples ruisseaux encombrés de petits joncs et envahis par les orchidées (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 202).— Encombrer qqc. ou qqn de qqc., (rare) avec qqc. Trois personnes (...) se placèrent auprès de moi dans la voiture, qu'elles encombrèrent de paquets et de cartons (JOUY, Hermite, t. 4, 1813, p. 9).— Emploi absol. Les meubles (...) n'ajoutent rien, encombrent plutôt (GREEN, Journal, 1935-39, p. 199).2. Emploi pronom.a) Sens passif. La chambre s'encombrait, les tiroirs allaient déborder (ZOLA, Dr Pascal, 1893, p. 179).— S'encombrer de, (rare) par. Les tables (...) s'encombrent de roses blanches, bleues, rouges, roses et jaunes (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 266).b) Sens réfl. Ne voulant pas m'encombrer de bagages (SARDOU, Rabagas, 1872, II, 11, p. 78).c) Sens réciproque. Les tombereaux venaient s'encombrer à la file (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 780).B.— Au fig.1. [Le suj. désigne une pers., un inanimé concr. ou abstr.; le compl. d'obj. dir. désigne un inanimé abstr., en partic. un espace abstr., un secteur de l'activité hum.] Envahir à l'excès. Encombrer le marché. Ce qui prendrait deux minutes semble devoir encombrer une journée entière (AMIEL, Journal, 1866, p. 245). Vous n'encombrerez plus le palmarès, hein? Vous en laisserez pour les autres, hein? (MALÈGUE, Augustin, t. 1, 1933, p. 74).— Emploi pronom. passif. L'idée de consonance (...) s'encombre de notions nouvelles (Ch. LALO, Esthét. mus. sc., 1908, p. 139). Cf. aussi boucher1 ex. 42.Rem. On rencontre ds la docum., en ce sens, avec une nuance péj., le subst. masc. encombreur désignant une pers. Ces mille encombreurs de la science (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 399).2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une pers., un inanimé relatif à une pers., parfois une collectivité]a) [Le suj. désigne une pers., parfois une collectivité] Causer de l'embarras par sa présence, son existence. Encombrer qqn de sa personne :• Dans la candeur et l'intensité de son zèle, il ne craint pas d'importuner la jeune malade; il ne s'aperçoit même pas qu'il l'encombre un peu.BREMOND, Hist. littér. du sentiment relig. en France, t. 3, 1921, p. 12.— Emploi pronom. réfl. Ne t'encombre pas de lui ce jour-là (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 275).b) [Le suj. désigne un inanimé]— Gêner, embarrasser d'un point de vue matériel (richesse, santé), moral, intellectuel, spirituel. [La mélancolie] c'est un sentiment qui me gêne et m'encombre (GIDE, Journal, 1930, p. 1013). Ta mémoire qu'encombrent mille souvenirs futiles (MAURIAC, Nœud vip., 1932, p. 59).♦ Emploi pronom. réfl. Elle s'encombre d'un tas de préjugés élégants et néfastes (FARRÈRE, Homme qui assass., 1907, p. 179).— Surcharger de travail, d'occupations. Tout dépendra un peu des avalanches de lettres et d'affaires et de travaux qui m'encombrent ici (HUGO, Corresp., 1849, p. 5).Prononc. et Orth. :[
], (j')encombre [
]. Ds Ac. 1718-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1050 « gêner, entraver » (ici domaine moral) (St Alexis, éd. C. Storey, 95 : Pur nul aver ne volt estra ancumbrét); 2. ca 1100 « occuper à l'excès, surcharger » (Roland, éd. J. Bédier, 3646). Dér. av. préf. en- et dés. -er de l'a. fr. combre « barrage pratiqué dans le lit d'une rivière » attesté seulement au XVe s., région de la Loire (GDF.), apparaissant en lat. médiév. sous la forme combrus aux VIe-VIIe s. au sens de « abatis d'arbres », ca 1020 au sens de « barrage sur une rivière » (NIERM.); ce lat. serait issu d'un thème combr-, auquel correspondrait un gaulois kombero, cf. l'irl. commar « rencontre de vallées », cymrique Kymmer « rencontre de cours d'eau ». Meyer-Lübke ds Z. rom. Philol. t. 19, pp. 275-277. Fréq. abs. littér. :561. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 428, b) 984; XXe s. : a) 904, b) 952.
encombrer [ɑ̃kɔ̃bʀe] v. tr.ÉTYM. Fin XIe; de en-, anç. franç. et dial. combre « barrage de rivière », bas lat. d'orig. gaul. combrus « abattis d'arbres », et suff. verbal.❖1 (Sujet n. de chose). Remplir en s'entassant et en faisant obstacle à la circulation, au libre usage des choses. ⇒ Embarrasser, gêner; boucher, obstruer. || Un flot de voitures encombrait la chaussée (→ Coucou, cit. 5). || Les bagages qui encombrent le couloir d'un wagon. || Des dépôts (cit. 16), des alluvions ont encombré le lit, l'embouchure du fleuve. || Un amas (cit. 5) de livres et de papiers encombrait son bureau. || Les meubles qui encombrent le salon. || Marchandises qui encombrent un magasin.1 Une troupe de chameaux sans gardien encombrait la rue dans toute sa largeur.E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 260.2 C'était l'heure du premier déjeuner. Des bols de café au lait encombraient un guéridon auprès du feu. Des savates traînaient sur le tapis, des vêtements sur les fauteuils.Flaubert, l'Éducation sentimentale, II, III.3 (…) tout ce qui ne vaut rien et qu'on garde chez soi par habitude, par négligence, parce qu'on ne sait qu'en faire, tout ce qui encombre, tout ce qui gêne !…Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, VI, p. 226.♦ (Sujet n. de personne). a Les voyageurs encombraient le passage. || La foule encombre la place. || N'encombrez pas le trottoir, circulez !2 (1080). Fig. Remplir ou occuper à l'excès, en gênant. || Trop de nouveaux venus encombrent cette profession. — (Valeur active). Gêner, causer de l'embarras par qqch. qui encombre. || Encombrer les autres de son bavardage, de ses aventures… || N'as-tu pas fini de nous encombrer de ta petite personnalité ! || Encombrer sa vie de préoccupations inutiles (→ Adventice, cit. 2). || Il encombre sa mémoire de détails futiles. ⇒ Surcharger.4 Quel enfant je suis resté longtemps, pour chercher, pour inventer des points de sympathie — quelle que soit la personne avec qui je me trouve. Cela put me servir, il est vrai, à comprendre plus subtilement les autres, mais cela a encombré ma vie de pseudo-amitiés dont aujourd'hui je ne peux me dépêtrer sans peine. La complaisance envers autrui n'est pas beaucoup moins ruineuse que celle envers soi-même.Gide, Journal, 25 nov. 1905.——————s'encombrer v. pron.1 Devenir encombré. || Dès midi, la rue s'encombre de voitures, de bicyclettes… — Être encombré. || S'encombrer de gros bagages. || S'encombrer inutilement d'un parapluie.5 Pour des gens si pauvres, ils s'encombraient vraiment de beaucoup d'inutiles bagages.Loti, Matelot, XVI, p. 59.♦ S'encombrer de qqn : s'embarrasser d'un compagnon inutile ou gênant. || Je me suis encombré d'un bel empoté ! || Elle s'est encombrée d'un mari insupportable.2 Fig. (en parlant de choses d'ordre moral).6 Et puis à quoi bon s'encombrer de tant de souvenirs, le passé nous mange trop, nous ne sommes jamais au présent qui seul est important dans la vie.Flaubert, Correspondance, II, p. 292.——————encombré, ée p. p. adj.1 Où il y a de l'encombrement, trop de choses ou trop de gens. || Chantier, rue, appartement encombré (→ Bibliothèque, cit. 7; chantier, cit. 1; croiser, cit. 5; déménagement, cit. 1).7 Il l'introduisit dans le salon, encore encombré et sens dessus dessous, et qui avait l'air du champ de bataille des joies de la veille.Hugo, les Misérables, V, VII, I.8 Quelle différence entre cet intérieur si net, si propre, si facilement compréhensible, et la chambre d'une jeune fille française, toujours encombrée de chiffons, de papier de musique, d'aquarelles commencées (…)Th. Gautier, la Toison d'or, III.♦ Spécialt (méd.). || Estomac, intestins encombrés.9 L'architecture de chaque organe est dominée par la nécessité, où se trouvent les cellules, d'être immergées dans un milieu toujours riche en matières alimentaires, et jamais encombré par les déchets de la nutrition.Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, p. 88.2 Fig. || Marché encombré. ⇒ Saturé. || C'est une carrière très encombrée. — Mémoire encombrée (→ Dénonciation, cit. 2). || Discours encombré de rhétorique (→ Amplification, cit. 2).10 Elle en parlait (du voyage) dans le premier désordre d'une mémoire encombrée de souvenirs tumultueux, avec la volubilité d'un esprit impatient de répandre en quelques minutes cette multitude d'acquisitions faites en deux mois.E. Fromentin, Dominique, p. 102.11 J'ai la tête encombrée de mon œuvre; elle se démène dans ma tête; je ne peux plus lire, non plus qu'écrire; elle s'interpose toujours entre le livre et mes yeux.Gide, Journal, 18 mars 1890.❖DÉR. Encombrant, encombre, encombrement.COMP. Désencombrer, surencombrer.
Encyclopédie Universelle. 2012.